Une entrevue avec Charan Anand – Un homme du peuple

Juin 26, 2023

Marcia Newman, rédactrice du site PremRawat.com, s’entretient avec Charan Anand, ardent défenseur de la paix intérieure enseignée par Prem Rawat et son père et maître, Shri Maharaji. Durant plus de sept décennies, Charan Anand, aujourd’hui âgé de 92 ans, a rencontré dans le monde entier des milliers de personnes désireuses d’en savoir plus sur l’expérience de la connaissance de soi que Prem Rawat offre gratuitement. L’interview qui suit est une occasion rare pour les lecteurs d’en savoir plus sur les débuts simples de Charan Anand, ses expériences extraordinaires et son point de vue unique sur la valeur de la pratique de la connaissance de soi.

CharanAnand_Europe Younger – Europe 1974

PremRawat.com : Merci, Charan Anand, de vous joindre à nous aujourd’hui. Et félicitations pour votre 92e anniversaire !

Charan Anand : Merci beaucoup pour cette belle opportunité de partager mon ressenti. Bien que mon corps ait 92 ans, à l’intérieur, je me sens sans âge.

PremRawat.com : Commençons par aujourd’hui. Comment vous sentez-vous à Aventura, en Floride, et qu’appréciez-vous ces jours-ci ? 

Charan Anand : Je suis si heureux (rires) et je passe des moments merveilleux. J’aime pratiquer la Connaissance et écouter le message de Prem. Je profite de l’air frais et je fais un peu d’exercice chaque jour. Quand je peux, j’aime toujours jouer au golf.

PremRawat.com : Je suis ravie d’apprendre que vous allez bien. Allons-y ! Aujourd’hui, comment expliqueriez-vous la connaissance de soi à quelqu’un qui est curieux de la connaître ?  

Charan Anand : C’est très simple. Prem Rawat enseigne une pratique quotidienne appelée la « Connaissance » ou la « connaissance de soi ». Il s’agit d’une méthode naturelle pour tourner son attention à l’intérieur de soi et ressentir la paix qui s’y trouve déjà. C’est une expérience extrêmement agréable pour moi.

PremRawat.com : Comment décririez-vous votre relation avec Prem Rawat ? 

Charan Anand : Je l’aime et le respecte en tant que professeur, et c’est l’ami le plus cher à mon cœur.

PremRawat.com : Vous avez participé à la série  Soul Biographies de Nic Askew. Dans cette superbe vidéo, vous mentionnez que vous avez été élevé dans une famille indienne aimante au sein d’une petite communauté. Parlez-nous de votre jeunesse.

Charan Anand : Je suis né dans le petit village de Sudar Pura (près de Kotpuli) au Rajasthan, en Inde, entouré d’une campagne magnifique entre deux petites montagnes. Mon père était un être humain remarquablement attentionné, aimable et généreux. Quand j’avais huit ans, une terrible sécheresse a sévi dans notre région et les agriculteurs du village ont dû contracter des emprunts pour rester à flot. Mon père, qui dirigeait une entreprise de menuiserie, a apporté sa solvabilité en garantie des prêts. Comme la sécheresse persistait et que les prêteurs faisaient pression, mon père a décidé d’aller travailler hors de notre village avec son équipe pour gagner plus d’argent afin d’aider à rembourser les prêts. On m’a retiré de l’école pour que je puisse aider à préparer les repas des hommes qui voyageaient, et à contribuer au travail de menuiserie. 

Pour cette raison, je n’ai suivi que deux années d’éducation formelle. Cependant, j’ai vraiment bien appris à cuisiner, une compétence qui m’a été très utile au fil des ans. En grandissant, j’ai voulu développer mes aptitudes dans l’art de la menuiserie. J’ai donc contacté un parent vivant à Delhi, un menuisier très compétent. Il m’a invité à venir à Delhi. J’avais environ 17 ans.

PremRawat.com : Est-ce là que vous avez entendu parler pour la première fois du message de paix enseigné par Shri Maharaji (le père de Prem Rawat) ?

Charan Anand : Oui, je me suis installé à Delhi chez Prahlad, un parent qui avait la Connaissance. Un jour, il m’a invité à venir écouter Om Prakash, qui parlait au nom de son maître, Shri Maharaji. Om Prakash était un élève proche de Shri Maharaji, à qui on avait demandé de transmettre le message de son maître. Il parlait toujours avec son cœur. Ses paroles m’ont beaucoup inspiré. Il insistait sur le fait qu’il fallait connaître un moyen pratique d’entrer en contact avec la paix qui se trouve à l’intérieur de soi. 

C’était aux alentours de 1948. Om Prakash avait la permission de Shri Maharaji de montrer les techniques de la connaissance de soi. Mais quand je le lui ai demandé, il m’a répondu : « Non, il vaut mieux attendre un peu… Si la Connaissance est ce que tu veux vraiment, tu l’auras. »

Il m’a encouragé à continuer d’écouter et à voir Shri Maharaji en personne. Om Prakash Ji m’a dit : « J’ai partagé avec vous mon expérience de Shri Maharaji et du cadeau de la Connaissance. Mais maintenant, je veux que tu le rencontres et que tu aies ta propre relation ».

PremRawat.com : Quand avez-vous rencontré Shri Maharaji ? Et quel souvenir gardez-vous de lui de cette époque ? 

Charan Anand : Un jour, j’ai enfin vu une photo de Shri Maharaji. Cette nuit-là, mon désir de le voir est devenu vraiment intense. En fait, j’ai rêvé que Shri Maharaji arrivait à Delhi sur un char magnifique. Le ciel était rempli de lumière. Le lendemain matin, quelqu’un m’a informé que Shri Maharaji était arrivé à Delhi, et ça m’a fait extrêmement plaisir. On m’a invité à aller l’écouter. Lorsque je l’ai vu pour la première fois, j’ai été frappé par son visage radieux et son allure royale et magnifique. Mon rêve se réalisait.

Son message de paix était simple, direct et profondément touchant. Lors de l’événement, à ceux qui se sont avancés et lui ont demandé sincèrement la Connaissance, il a répondu : « D’accord ». À l’époque, je n’ai pas eu le courage de me lever devant d’autres personnes pour exprimer mon désir. Je pensais qu’Om Prakash le ferait peut-être en mon nom ou au moins qu’il me présenterait à Shri Maharaji (rires).

PremRawat.com : Évidemment, vous avez finalement trouvé le courage de demander à Shri Maharaji de recevoir les techniques de la connaissance de soi. 

Charan Anand : Les discours de Shri Maharaji se sont déroulés sur trois jours. La nuit, mon aspiration était si intense que je ne pouvais pas dormir. Dans mes rêves, je demandais à recevoir le cadeau de la Connaissance.

Le matin suivant la fin des conférences de Shri Maharaji, je me rendais à mon travail quand j’ai rencontré Prahlad, qui m’a dit qu’Om Prakash voulait m’emmener rendre visite à Shri Maharaji dans une résidence à Delhi. Quand nous sommes arrivés, Shri Maharaji a demandé à Om Prakash qui j’étais.

Om Prakash lui a répondu que j’avais écouté son message et que j’étais un aspirant (quelqu’un qui aspire à recevoir la Connaissance). Shri Maharaji m’a regardé et m’a demandé quel âge j’avais. 

J’ai répondu : « 18 ans ». 

Il a poursuivi : « Pourquoi as-tu besoin de la Connaissance à ton âge ? Tu es jeune, amuse-toi. »

Avec une profonde sincérité, je me suis entendu lui répondre : « Oui, j’ai une vie magnifique. Mais sans la Connaissance, je sens qu’elle serait vide, et je sens qu’elle a davantage à m’offrir. C’est pourquoi je vous demande humblement de recevoir votre Connaissance ».

Je me sentais vraiment à l’aise en sa présence et j’ai répondu à ses questions du fond du cœur. 

Shri Maharaji s’est alors gracieusement penché vers moi en disant : « D’accord ». Puis il a demandé à Om Prakash de me montrer les techniques et j’ai été béni de recevoir ce beau cadeau de la Connaissance ce jour-là. 

Charan Anand en Europe, 1974

PremRawat.com : J’ai appris que plus de 50 personnes dans le village de votre enfance, dont beaucoup de membres de votre famille, ont fini par recevoir la Connaissance. Est-ce vrai ?

Charan Anand : Oui. Mon frère aîné a commencé à s’y intéresser et il a aussi reçu la Connaissance. Il disait à tout le monde : « C’est un beau cadeau, profitez de cette opportunité ». Je souhaitais profondément inviter Shri Maharaji dans mon village. Il s’y est rendu à deux reprises, une fois pendant la saison des pluies où son bus s’est enlisé dans la boue. Shri Maharaji est descendu du véhicule et a commencé à marcher pieds nus vers le village. Un des organisateurs s’est fâché et s’est mis à me critiquer pour avoir organisé un événement dans un endroit aussi inaccessible. Je me souviens de la réaction de Shri Maharaji. Il s’est tourné vers lui et lui a dit : « Ne dites pas ça. S’il m’invite du fond du cœur, j’irai n’importe où. J’irai là où on m’invite avec son cœur ». 

Je me suis senti très mal à l’aise dans cette situation, mais Shri Maharaji m’a réconforté.

PremRawat.com : Quel professeur prévenant et dévoué ! Est-ce peu après cet événement dans votre village que Shri Maharaji vous a demandé de l’aider à transmettre son message ?

Charan Anand : Un jour, j’ai eu l’occasion de parler à Shri Maharaji en privé.

Il m’a demandé : « Où habites-tu ? »
« À Delhi ».
« Que fais-tu ? »
« J’ai une entreprise de menuiserie ».
« Que penses-tu de la Connaissance ? »
J’ai répondu que c’était la chose la plus merveilleuse de ma vie.
« Penses-tu que cette Connaissance devrait être mise à la disposition d’autres êtres humains ? »
« Absolument » ai-je répondu.
« Alors qui va s’en occuper ? »
« Shri Maharaji, vous et vos élèves tous ensemble ».
« Et qui es-tu ? N’es- tu pas un de mes élèves ? »
« Oui ».
« La menuiserie est-elle plus importante que de m’aider dans mon travail ? »
J’ai répondu : « Certainement pas ».
Et il a poursuivi : « Alors, quel est le délai ? »

J’ai répondu : « Il n’y en a pas ».

Néanmoins, il m’a fallu un certain temps pour m’occuper de mes responsabilités familiales. Malheureusement, mon père était décédé et la vue de ma mère s’était détériorée. Mon jeune frère et sa femme ont pu s’occuper de notre mère.

Quand j’ai commencé à aider Shri Maharaji, il a dit aux membres de sa famille : « Cet homme va beaucoup m’aider à transmettre mon message ».

C’était en septembre 1957, trois mois avant la naissance de Prem.

CharanAnand_Europe Younger – Europe 1974

Charan Anand à Leicester au Royaume-Uni, 1971.

PremRawat.com :  Ensuite, vous avez voyagé à travers l’Inde avec un autre mahatma itinérant (instructeur) nommé Ramanand, en logeant chez différents habitants. Comment cela s’est-il passé pour vous ?

Charan Anand : Oui, nous sommes allés dans de nouvelles villes, en commençant par Jaipur. Il y avait des endroits où l’on pouvait loger gratuitement. J’allais annoncer l’événement et les gens venaient écouter. Certains étaient inspirés et nous invitaient à dîner chez eux. Lentement, lentement, c’est ainsi que tout a commencé. Finalement, nous nous sommes retrouvés à Mumbai où, à l’époque, personne n’avait la Connaissance. Aujourd’hui, avec les événements internationaux de Prem, il se passe tellement de choses en Inde et partout ailleurs !

À cette époque, j’ai pris mon tout premier vol, qui nous a conduits, Shri Maharaji et moi, de Mumbai à Delhi. Il m’a demandé de prendre le petit déjeuner qui était servi à bord. Comme il ne prenait pas le sien et que je n’avais jamais pris l’avion auparavant, j’ai hésité. Shri Maharaji a insisté pour que je mange. Lorsque nous sommes arrivés à Delhi et que j’étais assis avec lui dans sa chambre, il m’a dit : « Sais-tu pourquoi je t’ai demandé de manger dans l’avion ? » J’ai répondu : « Non ».

Shri Maharaji m’a alors expliqué : « Dans le futur, tu voyageras en Occident pour présenter la Connaissance aux gens ; c’est pourquoi je voulais que tu t’habitues aux voyages en avion ».

 J’étais ravi et stupéfait d’entendre ça. Je lui ai humblement demandé : « Shri Maharaji, comment pourrai-je me rendre en Occident si je ne parle pas l’anglais ? » Il m’a répondu : « Sache que quand on allie la confiance à l’effort, tout est possible ».

Cet épisode m’a incité à apprendre l’anglais. Plus tard, quand Prem Rawat m’a envoyé en Angleterre en 1969, j’ai su que la prédiction de Shri Maharaji s’était réalisée dans ma vie. Il s’est avéré que j’ai continué à voyager dans le monde entier pour transmettre son message depuis cette époque jusqu’à la pandémie de 2020.

PremRawat.com : Extraordinaire ! En juillet 1966, Charan Anand, vous aidiez Shri Maharaji lors d’un événement à Alwar, au Rajasthan. C’était la dernière fois que vous le voyiez. Shri Maharaji s’est éteint quelques jours plus tard, à l’âge de 66 ans. Quels sont vos souvenirs de cette époque ?

Charan Anand : Oui, j’étais déjà à Alwar, où j’aidais à préparer l’événement. Nous avions même invité le gouverneur d’Alwar, qui avait prévu d’y assister. Shri Maharaji est arrivé à Alwar. Plus tard dans la soirée, il s’est adressé à Ramanand et à moi-même pour nous dire qu’il ne se sentait pas bien. Shri Maharaji nous a demandé de transmettre son message, son amour et ses bénédictions à toutes les personnes présentes. Bihari Singh a demandé à Shri Maharaji : « Voulez-vous retourner chez vous à Dehradun ? » Shri Maharaji a répondu : « Non, je veux aller à Dehli ».

Bihari a conduit Shri Maharaji à Shakti Nagar, sa maison à Delhi. Shri Maharaji voulait être seul et ne parler à personne. Il est resté assis toute la journée à pratiquer la Connaissance, sans s’arrêter pour manger ou boire. C’est ainsi qu’il a choisi de quitter son corps paisiblement.

Pour moi, c’est remarquable. Shri Maharaji aimait sa famille et ses étudiants. Les gens venaient toujours lui rendre visite. Mais quand ce fut le moment pour lui de quitter son corps, il n’a voulu voir personne. Cela reste une grande source d’inspiration pour moi. Cela illustre bien cet échange dans la Bhagavad Gita où Arjuna demande à Krishna : « Quelle est la nature d’une personne qui est vraiment connectée à l’expérience intérieure ? » Et Krishna lui répond : « Cette personne est comme une tortue. Elle peut ramper à l’extérieur et se déplacer grâce à ses membres. Cependant, quand sa carapace est touchée, elle peut rétracter ses membres à l’intérieur. La personne qui est connectée à l’expérience intérieure peut retirer son attention du monde et se tourner vers l’intérieur d’elle-même ». 

Shri Maharaji savait ce qui était le plus précieux pour lui : cette joie intérieure.

PremRawat.com : Merci d’avoir partagé votre vécu avec Shri Maharaji. Que trouvez-vous de particulièrement convaincant dans la façon dont Prem Rawat transmet son message de paix ?

Charan Anand : La première fois que j’ai vu Prem, il avait trois mois. Lorsque je l’ai pris dans mes bras pour la première fois, j’ai éprouvé un sentiment très fort en regardant son visage serein et radieux. Quelques jours plus tard, alors qu’il était dans les bras de son père, Shri Maharaji a dit : « Celui qui va transmettre mon message au monde entier est dans mes bras ». 

Quand Prem avait quatre ans, je le voyais à Dehradun, assis immobile sous la véranda, absorbé en lui-même. Il faisait ça tous les matins. J’étais à la fois étonné et inspiré. Il venait ensuite frapper à la porte de ma chambre dans la maison d’hôtes et me disait de me réveiller et de pratiquer la Connaissance. Je lui souriais en retour et lui demandais : « S’il-te-plaît, pratique avec moi ». Il s’asseyait alors avec moi pendant que je pratiquais. 

À cette époque, un homme âgé est venu voir Shri Maharaji qui m’a demandé de lui parler. Nous avons entamé une conversation pendant laquelle Sant Ji (Prem) est venu s’asseoir sur mes genoux et a observé ce qui se passait. Ce monsieur, qui était érudit, a commencé à discuter avec moi en citant diverses références tirées des livres qu’il avait lus. À un moment donné, Sant Ji l’a interrompu et lui a demandé : « Quel âge as-tu ? » 

« 75 ans », a-t-il répondu. 

« As-tu trouvé la paix que tu recherches ? » 

« Non, pas encore ». 

Sant Ji l’a alors réprimandé : « Ne discute pas avec Charan Anand. Il parle de son expérience de la Connaissance et pas de ses lectures. Ne perds pas ton temps, tu es déjà âgé. Demande à Shri Maharaji le cadeau de la Connaissance qui t’aidera à faire ta propre expérience de paix intérieure ».

Après avoir dit cela, Sant Ji me demanda de l’accompagner quelques instants. Quand je suis revenu, j’ai trouvé le monsieur qui réfléchissait tranquillement. Il m’a demandé : « Qui est ce garçon ? ». Je lui répondu : « C’est le plus jeune fils de Shri Maharaji ».

Alors, cet homme m’a dit : « J’ai rencontré tellement de gens dans ma vie, mais personne ne m’a laissé sans voix comme il l’a fait. Sa question était si directe que j’ai dû admettre que je n’avais pas trouvé la paix dans mes lectures ». 

Peu après, il a fait sa demande à Shri Maharaji et il a reçu le cadeau de la Connaissance. Même à un si jeune âge, il était très inspirant de voir à quel point Prem était doué pour aider les autres à se connecter avec leur véritable identité.

Shri Maharaji parlait toujours de Sant Ji avec tant d’amour, d’admiration et de confiance. Il savait vraiment qui était Prem, et il l’a envoyé dans une école anglaise pour qu’il acquiert une bonne maîtrise de la langue. De temps en temps, il déclarait : « Celui qui va répandre la Connaissance dans le monde entier est ici, parmi nous ». 

Un jour, un pandit (un érudit) demanda à Shri Maharaji : « Pourquoi n’envoyez-vous pas Sant Ji dans une école sanskrite plutôt qu’une l’école anglaise ? » Shri Maharaji lui demanda alors : « Pourquoi a-t-il besoin d’apprendre le sanskrit ? » Le pandit répondit : « Il pourra lire nos anciennes écritures ». Et Shri Maharaji lui répondit : « Il n’a pas besoin de lire les écritures. Lorsqu’il parlera, de nouveaux textes seront écrits ».

Une autre fois, alors que je l’accompagnais à Mumbai, Shri Maharaji m’a demandé d’écrire une lettre à sa femme, Mata Ji, pour lui faire part de son souci de ne pas pouvoir assister au festival Guru Puja cette année-là. Il souhaitait que Sant Ji (Prem) s’asseye sur son siège et que tous ses étudiants célèbrent le festival avec lui.

Plus tard, alors qu’il n’avait que sept ans, Prem organisa un événement à Dehradun pour Shri Maharaji qui voyageait au Pendjab. Prem lui envoya une invitation par l’intermédiaire d’un messager.

Lorsque le message lui fut remis, Shri Maharaji déclara : « Je n’ai pas besoin d’être présent, car Sant Ji est là et il s’occupera de tout ». Le messager répondit : « Sant Ji m’a demandé de transmettre personnellement sa requête ».

Shri Maharaji réfléchit un moment et il se sentit si ému qu’il déclara : « Je dois y aller. Je ne veux pas blesser Sant Ji, je l’aime tellement ! » Il annula ses rendez-vous et partit au milieu de la nuit pour Dehradun. 

Shri Maharaji fut très impressionné par la façon dont Prem avait organisé l’événement. Le soin et l’attention portés à chaque détail étaient tels que les organisateurs des événements ultérieurs en Inde essayèrent de suivre son exemple. Prem avait invité ses professeurs ainsi que de nombreuses personnalités de la ville. L’événement s’est déroulé dans un très beau parc, un soir d’été. La lune était pleine et l’environnement très agréable. Pendant son discours, Shri Maharaji appela Sant Ji sur la scène pour qu’il prenne la parole. Je me souviens encore de l’essence du message de Prem, qu’il donna en anglais et en hindi au peuple indien ce soir-là. 

Le jeune Prem a dit : « Combien de temps allez-vous dépendre de l’aide étrangère ? Vous avez beaucoup de ressources pour développer votre pays. Tout ce que vous avez à faire, c’est d’éduquer les gens et de travailler ensemble. D’autres nations ont développé leur pays ; vous pouvez en faire autant. Mais n’oubliez pas la Connaissance et notre sagesse ancestrale. Le développement matériel ne peut pas, à lui seul, apporter la véritable satisfaction et le bonheur dans la vie humaine. Vous devez allier la connaissance de soi à la technologie moderne ».

Pendant que Prem parlait, mon regard se tournait vers Shri Maharaji et son fils, et j’ai vu Shri Maharaji manifester tant d’admiration et de joie. J’ai trouvé très inspirant de voir Sant Ji, alors âgé de sept ans, s’exprimer en anglais et en hindi avec beaucoup d’assurance, de clarté et d’aisance devant Shri Maharaji et devant l’auditoire. Mes yeux étaient remplis de larmes de joie. Lorsque Prem eut fini de parler, Shri Maharaji prit une guirlande qu’il avait au cou, la plaça autour du cou de Prem et parla de lui avec fierté.

Shri Maharaji s’exclama : « Son corps est petit, mais son âme est grande. Il va sans aucun doute mettre cette Connaissance à la disposition des gens du monde entier. Je l’admire, pas parce qu’il est mon fils, mais en raison de sa grande sagesse et de ses capacités ». 

La vie est si précieuse. Elle est sublime.
Apprécions ce cadeau pendant que nous en avons le temps.

Charan Anand

Charan Anand : Prem n’avait que huit ans lorsque son père et maître s’est éteint. Il y avait tant de chagrin et de confusion dans sa famille et dans son entourage. À cet âge tendre, Prem a naturellement vécu un deuil profond. Pourtant, par une nuit claire à cette même période, Prem m’a dit : « Je sens la présence de Shri Maharaji autour de nous, pour voir si nous sommes perdus dans notre chagrin ou si nous nous rappelons à quel point la propagation de la Connaissance lui était chère ». 

J’étais stupéfait qu’un si jeune enfant ait la force intérieure de dépasser l’intense tristesse du moment et de rester en contact avec une chose aussi essentielle pour son père. Le lendemain, le 31 juillet 1966, sous mes yeux, je l’ai vu s’adresser à des milliers de personnes en deuil en leur disant : « Ne pleurez pas. Vous ne devez pas pleurer. Ce que vous aimiez chez Shri Maharaji sera toujours avec vous. Personne ne peut vous l’enlever ».

Tout en continuant à parler, Prem transformait les larmes en joie, la confusion en clarté et le désespoir en espoir. Je n’oublierai jamais ces moments forts. Ce fut un tel tournant pour tous ceux qui étaient présents. Prem toucha profondément nos cœurs et nous aida à le reconnaître comme notre maître vivant. Prem ne m’a jamais fait sentir de transition abrupte, car je pouvais ressentir le même amour et la même présence.

Quelques mois plus tard, en novembre 1966, un grand événement fut organisé pour Prem à Delhi. À l’origine, il avait été prévu pour Shri Maharaji. Le maire de Delhi est venu accueillir Prem Rawat. Cela se passait juste avant son neuvième anniversaire. Le maire exprima son étonnement devant les talents d’orateur de Prem et s’émerveilla : « S’il peut toucher le cœur des gens si profondément à un âge aussi tendre, de quoi sera-t-il capable quand il sera plus grand ? » 

À partir de ce moment-là, pendant les vacances scolaires, Prem s’adressa à des milliers de personnes dans différentes régions de l’Inde. Quelques années plus tard, il transmettait son message au reste du monde. Souvent, j’avai vu Shri Maharaji, les yeux remplis de larmes, exprimer son profond désir que le cadeau de la Connaissance soit mis à la disposition du monde entier. 

J’ai le sentiment que, lorsqu’un maître exprime de tout son cœur le souhait de faire quelque chose, cela se produira tôt ou tard. C’est comme si ses souhaits étaient absorbés par l’atmosphère jusqu’à ce que la bonne personne s’en saisisse et les concrétise. Quand cette dernière se met à l’œuvre, toutes les ressources naturelles viennent l’aider à les réaliser. C’est ce qui se passe actuellement grâce aux efforts de Prem Rawat et de ceux qui soutiennent son message de paix à travers le monde. 

J’ai le sentiment que, lorsqu’un maître exprime de tout son cœur le souhait
de faire quelque chose,
cela se produira tôt ou tard.

Charan Anand


PremRawat.com:
Incredible. Thank you. In 1969, Prem asked you to carry his message to the West, first to England and then the United States. That must have been quite a culture shock for you!

Charan Anand: Yes. I had already been introduced to groups of young Western people who had come to India seeking something more in life. At that time, their lifestyle was peculiar to me. They seemed to be fine with sleeping in the park, smoking marijuana and living as hippies. Many shared their personal stories with me. I learned about their good fortune to be educated, raised in a stable family environment and given so much. Yet, they still expressed not feeling fully happy. These young, traveling Westerners came to India to learn more about India’s ancient wisdom. Some, with whom I still remain in touch, are now seniors and are still actively involved in supporting Prem’s beautiful message of peace.

When Prem decided to send me to England, he said, “Let’s find out how much English you know.”

He spoke a few words in English and asked me to translate into Hindi. This I did correctly.

He smiled and said to me, “Perfect. You know enough. People will feel what you are saying, rather than getting lost in the words.”

His advice about how I should act once I arrive in the West was neither to criticize nor to support what individuals do in their personal lives. “If you criticize them, they will never come back. If you support them, the authorities might arrest you and throw you out of England. So don’t get into that. Simply convey my message. Whoever is interested, show them the techniques of Self-Knowledge and inspire them to practice. That alone will bring real joy and transformation to them.”

Prem was 11 years old at the time.

 

Prem Rawat (L) with Bihari Singh and Charan Anand (R) in Toronto, Canada – 1971

PremRawat.com: How, if at all, was the mindset of people in the West different in 1971 than it is today? What, if anything, has changed from your perspective? Charan Anand: So many changes in this world! Yet, no matter what year it is, many who listen to Prem Rawat find it very inspiring. It’s a timeless message. It is about discovering one’s own thirst for contentment. No one is here to persuade anyone. With all the technology and changes in this world, there is no substitute for the knowledge of the self. Yes, it’s important to learn about science, technology and receive a full education. Yet we also need to receive the ancient teachings that help us live with peace, dignity and prosperity. Regardless of his age, Prem speaks directly from his heart with confidence. When Prem was 13, he came to Los Angeles and someone asked him, “Tell us what happens after death.” He smiled and said, “I don’t know, I’m still alive. Don’t worry, you’ll get there and then you won’t be able to tell anybody what happens. I’m not here in America to talk about all these things. I do know one thing. Life is precious. Live it happily and consciously.”

Au cours de cette tournée dans différentes villes d’Amérique, les gens ont continué à lui poser de nombreuses questions. Il a fini par dire : « Pourquoi me posez-vous toutes ces questions ? Je n’ai que 13 ans. Je ne me les pose pas. J’ai une vision claire des choses, parce que mon maître m’a mis en lien avec mon cœur en m’offrant le cadeau de la Connaissance. Pourquoi ne me le demandez-vous et trouvez vos propres réponses ? »

Je pense que Kabir (poète et saint indien du XVe siècle) serait d’accord avec moi : « Vous parlez de vos lectures, et moi je parle de mon expérience ».

PremRawat.com : Je crois savoir que vous avez lu la plupart des écritures du monde. Quels sont, à votre avis, leurs points communs ?

Charan Anand : D’après ce que j’ai compris des écritures que j’ai lues, elles parlent toutes de la même expérience intérieure de paix dans les différentes langues et les modes d’expression de leur époque. Prem se fait l’écho d’un message ancestral similaire, et offre un moyen pratique d’entrer en contact avec la paix. Il parle de ce à quoi notre cœur aspire vraiment. Il dit : « Si vous voulez que je vous y aide, je peux le faire ». C’est son cadeau.

PremRawat.com : Que répondez-vous aux personnes qui pensent que ce que Prem propose est « religieux » ou « spirituel » ?

Charan Anand : Dans mon expérience, cette Connaissance n’est ni religieuse ni spirituelle. Il s’agit d’une expérience directe de la paix intérieure. Notre respiration est-elle religieuse ou spirituelle ? Elle est indépendante. Par exemple, quand on mange, on ne parle pas. Quand on boit, on ne parle pas. On apprécie simplement le fait de manger et de boire. C’est pareil pour cette expérience intérieure, qui est là pour être appréciée. C’est un processus très naturel.

Prem me rappelle quels sont les besoins fondamentaux de la vie, y-compris notre besoin de paix. J’admire la fraîcheur et la simplicité avec lesquelles il aborde ce sujet. Ça lui permet de toucher toutes les catégories de personnes à travers le monde. Un discours de Prem (de 14 minutes) lors d’une Conférence Nordique sur la Paix organisée par des étudiants à Oslo, en Norvège, en est un magnifique exemple.

PremRawat.com : Parmi vos expériences glanées sur toute une vie de voyages autour du monde, quelle a été la plus grande réserve des gens à l’égard de ce que Prem propose ? Et qu’aimeriez-vous leur dire pour dissiper leurs préoccupations ?

Charan Anand : Beaucoup de gens lisent des choses sur les différents enseignements passés et présents. Ils veulent comparer Prem à d’autres maîtres dans ses propos et sa façon de vivre. Le fait de s’accrocher à ces concepts peut nous empêcher d’éprouver une véritable joie de vivre. Les enfants savent être ouverts. Ils abordent la vie très simplement. Quand ils ont faim, ils mangent. Quand ils sont fatigués, ils dorment. De même, quand vous ressentez ce besoin de paix intérieure, il est préférable d’écouter Prem avec un cœur d’enfant. Oui, c’est bien de poser des questions. Mais il y a un moment où il nous faut dépasser nos questions et nos concepts pour pouvoir ressentir la paix intérieure.

Quand on écoute Prem, il est préférable d’adopter une approche simple  
et de le faire avec son cœur.

Charan Anand

PremRawat.com: Do you have any thoughts about your own aging process? Any longevity tips?

Charan Anand: Aging has not really worried me. A long time ago, Prem said, “When we focus on the body, we feel our age. When we focus on the inner feeling, we feel ageless.” He has showed me that which is timeless and I like to focus on that.

At the same time, my body is my home. I must take care of it, too. There’s that saying, “After 60, if you don’t wake up with some aches and pains and stiffness, that means you’re dead.” Of course, I wake up with some of those aches. I just turned 92 on May 2, 2023. Yet, I make my effort with staying healthy. It’s important to me. Like a house or a car, it needs maintenance. I try to eat well, exercise daily and get good sleep. There are many ways to exercise. You have to find your own ways that are pleasurable. For me, I enjoy playing golf, yoga, walking in the fresh air, listening to music and singing.

In earlier years, I enjoyed golf as a form of exercise, and I organized charity golf tournaments to support The Prem Rawat Foundation (TPRF) – Food for People Program. The Food for People (FFP) program provides nutritious meals, clean water, and educational opportunities to impoverished communities.

I know one day everything will be left behind and I want to be connected to that feeling of peace.

Charan Anand

En outre, la pratique quotidienne de la Connaissance est très importante pour moi. Cela me permet d’aller plus profondément en moi-même. Comme Prem l’a demandé : « Donnez une chance à la Connaissance ». Je sais qu’un jour tout sera laissé derrière moi, et je veux être relié à ce sentiment de paix.

Un jour, Shri Maharaji m’a envoyé une lettre de recommandations. La première phrase qu’il m’a adressée était : « Prends soin de ta santé ». La deuxième : « Apprécie la pratique de la Connaissance ». La troisième : «  Écoute mon message et continue à m’aider ». 

Je suis si reconnaissant de me sentir en bonne santé et heureux. Et je ressens tant de gratitude envers Prem pour tout ce qu’il m’a apporté. Heureusement, je peux encore prendre soin de moi. Alors, s’il vous plaît, prenez soin de vous.

PremRawat.com : Merci beaucoup, Charan Anand, pour tout ce que vous avez donné et continuez à donner. Votre histoire de loyauté envers la paix intérieure est remarquable. La gentillesse dont vous avez fait preuve à l’égard de tant d’êtres humains dans le monde restera toujours très appréciée.

Charan Anand : Ce fut un plaisir de partager avec vous mon voyage plein de félicité. Je suis à jamais reconnaissant envers Shri Maharaji pour la vie merveilleuse que j’ai eue avec lui, et à présent avec Prem. Je les porte dans mon cœur avec un amour profond et le plus grand respect.

Charan Anand à Malibu en Californie, 2017

Si vous souhaitez envoyer un message d’appréciation à Charan Anand, contactez editor@premrawat.com

Marcia Newman souhaite remercier Larry Lefkowitz, David Shimberg, Mitch Ditkoff et Henry Reif pour leur collaboration dans la mise à disposition de cette interview spéciale de Charan Anand.

Photo du haut : Charan Anand parlant à Montpellier, 1985

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