En confinement avec Prem – 78e jour

« Ce n’est pas compliqué d’être heureux. Ce n’est pas compliqué de regarder devant soi, d’être courageux, d’avoir de l’espoir, de connaître la beauté, d’être en paix. » – Prem Rawat

Les émissions quotidiennes de Prem Rawat « En confinement » présentent la façon dont ses interventions et son Programme d’éducation pour la paix aident les gens à trouver la paix en eux. Vous aurez bientôt des détails sur la possibilité de vous joindre à Prem virtuellement pour participer à ce programme.

 

Audio

Antonio Mateus,

Journaliste à la Radio Télévision portugaise

Prem Rawat,

Ambassadeur de la paix

Antonio Mateus :

Cela fait 50 ans maintenant que vous partagez vos paroles de paix, votre message de paix, dans le monde entier…

Prem Rawat :

Oui, j’ai commencé à voyager en 1978 ou plutôt 1968, non… 2021 sera le 50e anniversaire.

À l’écran :

Maria Rosas

Barcelone, Espagne

Prem Rawat et Antonio Mateus

Perspectives fondamentales

Antonio Mateus :

Qu’est-ce qui ne fonctionne pas ?

Prem Rawat :

En fait, ça fonctionne. Le fait de transmettre ce message donne des résultats, cela apporte de profonds changements dans la vie des gens. Ce qui ne fonctionne pas, ce sont les systèmes mis en place dans le monde et qui ne tiennent pas leurs engagements. Malgré cela, les gens continuent à y croire au lieu de se comprendre eux-mêmes.

J’étais en Afrique du Sud récemment et c’était incroyable. Je parlais de la paix à la radio et je recevais des appels. Certains disaient : « Ce n’est pas possible. » Un monsieur a dit : « J’ai une petite fille et elle ne voit pas la différence entre les noirs et les blancs, elle joue avec tout le monde, elle s’amuse. » Faire des différences, c’est quelque chose qui s’apprend.

Et puis il a dit : « Mais la paix n’est pas vraiment possible. » J’ai répondu : « Attendez. Si on peut apprendre un comportement, on peut le désapprendre. Pour quelle raison continuons-nous à l’apprendre et à le transmettre ? Désapprenez ce comportement. Comprenez que chaque être humain sur terre est le même. »

Nous avons tous des problèmes. Ils ne sont pas nouveaux. Personne n’a de nouveaux problèmes. Quelqu’un avant nous a eu exactement le même, s’est senti comme nous, et nous sommes là, à notre époque, en ce moment, à répéter ce qui s’est déjà fait à de nombreuses reprises.

Quand allons-nous rompre ce cycle ? Quand allons-nous accepter : « Me voici, je suis vivant, je suis là ; il y a du bon en moi, il y a du mauvais en moi » ?

Une fois que nous commencerons à changer cette habitude que nous avons prise, je crois que nous verrons les choses changer et qu’il y aura une nouvelle appréciation pour mon message. Car je ne suis pas le seul à transmettre ce message. Il résonne depuis des siècles dans le monde entier, à commencer par Socrate qui disait : « Connais-toi toi-même. »

Et même avant lui. « Il y a quelque chose à comprendre au sujet de chaque être humain. » Et donc, en chaque être humain il y a 50% de bon et 50% de mauvais. Si on ne nourrit que la mauvaise moitié, c’est elle qui prédominera. Si on nourrit la bonne moitié, c’est elle qui prédominera.

Il faut bien comprendre cela. Nous ne pouvons pas tout mettre dans une boîte. Toute notre vie, c’est précisément ce que nous faisons, nous mettons les choses dans des boîtes. Nous voyons un homme qui a une grande cicatrice sur le visage : danger ! Il pourrait être l’homme le plus doux qui soit mais ce n’est pas ce que nous voyons. Nous voyons la cicatrice.

Nous voyons que quelqu’un est grand, que quelqu’un est plus fort ou plus faible que nous. Vraiment, tous les jours, tous les jours : « boîte, boîte, boîte. »

Nous sommes des êtres humains. Nous sommes sur terre. Nous ne sommes pas meilleurs qu’un lion. Nous ne sommes pas meilleurs qu’une girafe. Une girafe peut faire des choses que nous ne pouvons pas faire. Un lion peut faire des choses que nous ne pouvons pas faire. Le lion a un avantage sur nous. Il est féroce, il est fort, mais quand il est rassasié, il perd toute agressivité. Il s’allonge et il se la coule douce. Nous, quand nous sommes rassasiés, nous continuons à être avides.

Faire la guerre coûte très cher. La guerre n’est pas gratuite. Il faut des armes. Il faut former des gens à l’utilisation de ces armes. Il faut faire beaucoup d’efforts pour partir en guerre. Pour la paix il n’y a besoin de rien. Elle ne coûte rien. Il n’y a vraiment rien à faire en fait, simplement laisser être les gens, leur donner un peu d’espace vital et avoir de la bienveillance. Et les choses fonctionneront.

Mais toutes ces choses que nous avons mises en place, la terreur, la peur, ont souvent été utilisées pour nous manipuler. Vous savez, la peur du paradis et de l’enfer. En fait je devrais dire « l’envie d’aller au paradis et la peur d’aller en enfer. » Si vous faites cela, vous irez en enfer. » Aller ? Aller où ?

Qu’est-ce que l’enfer ? Quand vous n’êtes pas au paradis, c’est cela l’enfer. Et quand vous êtes au paradis, que se passe-t-il ? Vous êtes dans la lumière, vous avez la compréhension de vous-même. Vous avez développé la bienveillance. Vous avez développé le courage au lieu de la peur. Vous avez développé le savoir au lieu de l’ignorance. Vous aimez voir clair. Vous réfléchissez d’abord et agissez ensuite.

La plupart des gens agissent d’abord et réfléchissent ensuite. Quand je vais voir des personnes qui ont été incarcérées dans des établissements pénitentiaires, c’est ce que je leur dis : « Vous vous souvenez ? Vous avez agi d’abord et maintenant vous réfléchissez. Et vous allez réfléchir longtemps. Si seulement vous aviez réfléchi d’abord et agi ensuite, vous ne seriez pas ici à réfléchir, réfléchir, réfléchir. »

Donc les possibilités existent, mais pourquoi ne pas perpétuer la bienveillance ? Pourquoi ne pas perpétuer la compréhension ? Pourquoi ne pas perpétuer les éléments qui vont nous permettre de résoudre nos problèmes ?

Nos problèmes ne sont pas tombés du ciel. C’est nous qui les avons créés. Tous les problèmes que vous voyez sont en fait des problèmes que nous avons créés.

Le point positif est que, les ayant créés, nous pouvons les défaire. Cette possibilité existe. Mais cela demande de la conscience, du courage, de la compréhension et de la lucidité pour le faire.

Antonio Mateus :

Pendant ces cinquante années, vous avez rencontré tellement de hauts responsables que vous ne pouvez sans doute pas vous souvenir de tous. Comment les évalueriez-vous ? Ont-ils pour la plupart cette sagesse ou bien votre évaluation n’est-elle pas très optimiste ?

Prem Rawat :

Je me souviens d’un homme, mais ce n’était pas un haut responsable, c’était un fermier.

Antonio Mateus :

Vous ne vous souvenez que d’un seul homme ?

Prem Rawat :

Si l’on me demandait : « Pendant ces 50 années, à part votre père, votre famille, vos amis ou vos connaissances, qui avez-vous rencontré ne serait-ce qu’une fois, une seule fois, même très brièvement, dont vous vous souvenez ? » Ce serait ce fermier.

Je me déplaçais sur une route en Inde. On nous avait préparé un déjeuner mais les bouteilles d’eau avaient été oubliées. Nous avons donc pris notre repas et cela nous a donné encore plus soif. Il faisait terriblement chaud dehors.

Alors nous avons vu un fermier sur le bord de la route. Il jetait une outre en peau dans un puits, la remontait et arrosait ses plantes. Nous sommes allés le voir et nous lui avons demandé de l’eau.

Il était tellement gentil. Il a dit : « Bien sûr, bien sûr » et il nous a donné de l’eau. Ensuite il a dit : « Venez, venez, j’ai une petite hutte là-bas, j’ai du pain sec et des cornichons, c’est tout ce que j’ai, mais je veux vous les offrir. »

Sa gentillesse ! Sa gentillesse. J’étais là dans cette voiture, de toute évidence j’étais mieux habillé que lui, mais sa gentillesse… Il savait que j’étais aussi un être humain et que je pouvais avoir faim alors il m’a offert ce qu’il avait.

De toute évidence, il devait travailler dur pour avoir ne serait-ce que ce morceau de pain et ces cornichons mais il offrait gratuitement ce que je considère comme la chose la plus précieuse pour lui. Il l’offrait gratuitement. La générosité.

J’étais très jeune quand c’est arrivé et je ne l’ai jamais oublié. Quand je parle de lui, je le vois. Je sais qu’il est mort maintenant, il était déjà âgé alors, mais il ne mourra jamais car il vit ici. Il est vivant et il va bien.

Je parcours le monde et je vois comment la bienveillance… Quand la bonne moitié est là, il peut y avoir tant de gentillesse, tant de beauté.

Antonio Mateus :

Donc, « si je consacre ma vie à rendre mes proches heureux, j’aurai de bien meilleures chances d’être heureux que si je me consacre à mon propre bonheur. » Est-ce que vous adhérez à cette philosophie ?

Prem Rawat :

Et bien nous dépendons des autres pour certaines formes de bonheur. C’est vrai, quand un père rentre à la maison et que ses enfants courent vers lui en disant « Papa, papa, papa, c’est super que tu sois là, on t’aime », quand votre femme vous attend et qu’elle peut dire « Je suis tellement contente de te voir » ou vos amis « On est tellement contents de te voir »…

Mais le véritable bonheur vient de vous. Votre bonheur vient de vous en réalité. Les autres ne peuvent pas en être les catalyseurs. En effet, si les autres en étaient les seuls catalyseurs et si, pour une raison ou pour une autre ils disparaissaient, vous vous retrouveriez bien seul.

Je le dis toujours, un homme qui a des béquilles… Disons qu’il a des difficultés à marcher et qu’il a des béquilles. Si on les lui enlève, il tombe. On doit vraiment apprendre à se tenir sur ses propres jambes, sans béquilles.

Avoir confiance, faire ce que l’on fait, aimer les gens, il n’y a rien de mal à cela ; accepter leur amour, il n’y a rien de mal à cela. Mais il y a un amour en vous, tout le temps que vous êtes ici, que vous êtes vivant, et vous devez comprendre cet amour. Vous devez accepter cet amour.

« Vous êtes vivant », voilà votre vérité. Voilà ce qui se passe vraiment dans votre vie. Pas votre entreprise, pas votre travail, rien de tout cela. Vous êtes vivant. Vous êtes né et vous allez mourir.

Antonio Mateus :

Mais, comme nous l’avons dit, cela fait 50 ans que vous parcourez le monde pour transmettre votre message de paix. Qu’est-ce qui vous motive ?

Prem Rawat :

Ce qui me pousse, c’est mon cœur. C’est mon cœur. Qu’est-ce que le cœur ? C’est là que réside le discernement, c’est là que réside le courage dans l’être humain, c’est là que réside le divin dans l’être humain. Ce n’est peut-être pas un endroit physique, mais c’est l’ensemble de tout ce qui est bon en moi, c’est ce qui perpétue ce qui est bon en moi.

Ce n’est pas compliqué d’être vivant. Ce n’est pas compliqué d’être heureux. Ce n’est pas compliqué de regarder devant soi, d’être courageux, d’avoir de l’espoir, de connaître la beauté dans sa vie. Ce n’est pas compliqué. Ce n’est pas compliqué d’être en paix.

C’est la guerre qui est compliquée. Il faut alimenter l’avidité, il faut alimenter l’inconscience, il faut fabriquer des armes, il faut créer des pays, il faut établir des règles, il faut construire des prisons, il faut faire en sorte qu’il y ait des gens importants et des gens pas si importants. Il y a tant à faire pour arriver au point où nous en sommes aujourd’hui.

Si les êtres humains pouvaient comprendre qu’ils sont humains, qu’ils ont de la bienveillance en eux, qu’ils ont du bon en eux… Il n’y a pas besoin de faire quoi que ce soit. Il n’y a pas besoin de fabriquer des armes pour être en paix. Il n’y a pas besoin de faire la guerre pour être en paix. C’est simple, c’est tout ce qu’il y a à faire.

Un jour a lieu un concours entre le vent et le soleil. Le vent dit : « C’est moi le plus puissant. » Le soleil répond : « Non, c’est moi le plus puissant. » Alors ils décident d’organiser un concours.

Le vent dit : « C’est moi qui commence. Il y a un homme qui marche sur la route. Le défi, c’est de lui faire enlever sa veste. Celui qui réussit à lui faire enlever sa veste gagne. »

Donc le vent commence. Il souffle, il souffle, et l’homme s’accroche à sa veste un peu plus. Le vent souffle plus fort et l’homme s’accroche à sa veste encore plus. Le vent souffle encore plus fort et l’homme s’accroche à sa veste encore plus.

Finalement, le vent abandonne et regarde le soleil : « C’est bon, à ton tour. » Le soleil se contente de briller. La chaleur augmente et l’homme enlève sa veste.

Pour moi cette histoire parle de ce que nous sommes. Cela finira par arriver. Si la lumière entre dans notre vie, si nous permettons à la lumière de briller, c’est ce qui arrivera. Ce n’est pas compliqué. Ce n’est vraiment, vraiment pas compliqué.