La force du cœur

Partout où je vais et commence à aborder le sujet de la paix, la plupart des gens me demandent : « Qu’en est-il de tous nos problèmes ? Pourquoi ne sommes-nous pas en paix ? Que s’est-il passé ? »

Alors j’aimerais vous raconter une histoire. Il était un homme qui avait entendu parler des éléphants, que les éléphants étaient très gros, énormes, puissants et avaient beaucoup de force ; ils pouvaient soulever un arbre entier avec leur trompe. Alors il voulait voir un éléphant.

Il fit des recherches et quelqu’un lui dit : « si tu veux voir un éléphant, va en Inde. » Il trouva donc un village très connu, réputé pour ses éléphants. Il s’y rendit et arrivé au village il vit tous ces magnifiques éléphants. Chaque éléphant avait cette toute petite cordelette attachée à leur pied, toute fine et ils restaient là.

L’homme fut très surpris. Il n’avait jamais vu d’éléphants auparavant et il fut très impressionné par leur puissance. Mais une chose le troubla beaucoup. Alors il alla rencontrer le chef du village et lui dit : « Chef, j’ai une question. C’est la première fois que je vois ces éléphants, ils sont forts, ils sont puissants, mais vous les attachez avec une petite cordelette si fragile ! Pourquoi ne s’enfuient-ils pas tout simplement ? Pourquoi restent-ils là ? Ce n’est pas cette cordelette qui les retient car ils pourraient facilement la rompre ? »

Le chef lui répondit : « Ah ! Je vais vous expliquer. Quand les éléphants étaient tout petits, nous les attachions avec ces cordelettes. Ils n’étaient pas très forts et la cordelette suffisait à les retenir. Maintenant ils sont assurément assez forts pour casser la cordelette, mais ils ont oublié leur force et cette cordelette suffit à les retenir. »

En un sens, c’est tellement triste, mais c’est notre histoire aussi, c’est notre histoire aussi. Nous avons oublié notre force. Nous avons oublié qui nous sommes. Nous avons oublié la compassion en nous. Nous avons oublié la passion en nous. Nous avons oublié la bienveillance en nous. Nous avons oublié la joie en nous. Nous avons oublié ce qu’est un être humain.

On ne peut parler de paix sans parler de l’être humain parce que c’est dans le cœur de l’être humain que danse la paix.

En ce moment, je sais qu’on dit : « Les gens sont horribles. Regardez ce qu’ils font ! Ils s’entre-tuent, se terrorisent mutuellement, instaurent la peur en chacun. » Ce n’est pas la nature de l’être humain.

Il y a beaucoup de bon dans ce monde, beaucoup de bienveillance, beaucoup de générosité. Et ça, c’est la véritable nature de l’être humain. Ça c’est votre véritable nature. Votre nature est d’adorer la paix, de vouloir la paix, d’être pleinement satisfait. Ai-je besoin de le dire ? Oui, votre nature est de créer un paradis précisément ici, sur cette terre.

Certains se demandent si au moment de mourir ils iront au paradis. Il y a un petit problème avec ce merveilleux paradis. Vous devez mourir pour y accéder ! Pourquoi ne pas tenter une expérience, le paradis pendant que vous êtes en vie ; pendant que vous êtes en vie, pendant que vous êtes ici ?

Les gens disent : « Regardez tous ceux qui meurent de faim ! » Pourquoi ? Vous êtes- vous jamais demandé pourquoi des gens meurent de faim ? Est-ce par manque de nourriture ? Non. 40% de la nourriture produite dans le monde est gaspillée, jetée, impropre à la consommation. Il y a plus de nourriture qu’il n’en faut pour nourrir tout le monde.

On dit aussi : « Les gens manquent d’eau potable. » Il y a des quantités d’eau, croyez-moi. Des quantités d’eau. Et qui rend l’eau non potable ? Nous.

Il dépend de nous de comprendre notre vraie nature, notre vraie force, de savoir que si nous voulons la paix, nous pouvons être en paix. Nous n’avons pas à être retenus par une cordelette d’éléphant.

– Prem Rawat