Cheminer vers soi-même
Prem Rawat :
Qu’est-ce que “cheminer vers soi-même” ? Qui est ce soi-même ? Quel est ce soi-même ? Et pourquoi cheminer vers soi-même ? N’êtes-vous pas avec vous-même tout le temps ? Et dans ce cas, que voulez-vous dire par “cheminer vers soi-même” ?
C’est ce qui nous pose un tas de petits problèmes auxquels nous devons faire face chaque jour. En effet, qui que nous soyons, nous n’aimons pas la confusion, absolument pas ! Et c’est universel et dans tous les domaines.
Nous n’aimons pas la colère ! En fait, nous ne savons pas vraiment à quel moment nous nous mettons en colère car elle nous prend par surprise. Mais ce qui arrive ensuite ne nous plaît pas. Nous n’aimons pas être tristes, nous n’aimons pas avoir peur. Quant à la douleur, nous ne sommes vraiment pas faits pour souffrir. La joie, elle, ne nous pose pas de problème. Alors, quel est ce “soi-même”, et pourquoi “cheminer” ? Parce que le verbe cheminer, ici, implique de se déplacer !
Et voilà le problème. Car lorsqu’on regarde la situation dans le monde, et je peux dire sans aucun doute que j’en ai un point de vue assez unique puisque je fais ça depuis 50 ans, certains d’entre vous n’étaient pas encore nés, d’autres n’existaient même pas en rêve dans l’esprit de leurs parents.
En fait, j’ai commencé à parler de la paix devant un public nombreux quand j’avais quatre ans, comme vous l’avez peut-être entendu dans ce documentaire, ensuite j’ai fait connaître plus largement ce message à l’âge de neuf ans. Donc j’ai vu le monde, je parcours beaucoup le monde, et je vois une chose, ce que je vois, c’est que les gens se sont éloignés d’eux-mêmes.
On entend que Socrate a dit : « Connais-toi toi-même », c’est très courant. Mais savez-vous que Socrate a dit également : « Vous ne serez pas heureux », je paraphrase, « Vous ne serez pas heureux si vous n’obtenez pas ce que vous voulez ». Ce qui est le cas !
Donc vous êtes ici, vous êtes en vie, voilà la situation et je vous donne cet exemple : un jour on vous donne un billet de loterie et c’est un billet gagnant ! Le billet vous permet d’aller dans un centre commercial. Il y a de magnifiques magasins dans ce centre commercial, il y a une épicerie, il y a des vêtements dans ce centre commercial, il y a absolument tout ce que vous pourriez imaginer dans ce centre commercial. Et vous êtes emballé : « Ouah, je peux y aller ? » Et non seulement vous pouvez y aller, mais vous pouvez avoir tout ce que vous voulez. Si vous aimez les Bentley, il y en a, si vous voulez une Rolls Royce, il y en a, si c’est une Mercedes que vous voulez, il y en a, et vous pouvez en avoir une !
Et quand on retourne le billet, une condition y est inscrite : “Vous pouvez avoir tout ce que vous voulez, mais en quittant le centre commercial vous ne pouvez rien emporter”.
Seriez-vous déçu ? Je vois des gens qui hochent la tête. Mon Dieu, vraiment de très belles choses, des choses incroyables… et vous pouvez les avoir, toutes ! Mais quand vous quitterez le centre commercial, et il le faudra, il y a un délai, vous devez quitter le centre commercial, et quand vous le quitterez, vous ne pourrez rien emporter.
Je parle de quoi ? Vous êtes là, dans cet extraordinaire, incroyable centre commercial. Il y a les océans, les montagnes, vous pouvez tout avoir ! Et un jour, vous devez quitter le centre commercial, mais en partant, vous ne pouvez rien emporter.
Maintenant, c’est tout simplement une question de stratégie, qu’allez-vous faire ? Quelle va être votre stratégie ? Allez-vous rester chez vous et vous énerver à cause de ce billet ? « Que c’est bête, c’est vraiment n’importe quoi ! Je peux y aller, je peux avoir tout ce que je veux, mais je ne peux rien emporter, c’est complètement idiot ! » Ou bien direz-vous : « C’est une blague du Divin » ?
Quelle est votre stratégie ? Qu’allez-vous faire ? Et c’est précisément une stratégie que vous devez avoir, vous devez avoir un plan, et non seulement avoir un plan, mais vous devez l’exécuter à la perfection. À la perfection ! Et dans ce plan, il ne s’agit pas de se lamenter, ni de dire : « J’aimerais que ce soit comme ci, ou comme ça ». Non, c’est fait, voilà votre billet et voilà le centre commercial, voilà le moment où vous y entrez et voilà le moment où vous en sortez. Il n’y a pas à discuter là-dessus, c’est comme ça.
Bien, je ne suis pas là pour prêcher, je ne suis pas là pour vous dire que je suis meilleur que vous, je ne suis pas là pour vous dire : « J’ai un plan, suivez mon plan. » Je ne suis pas là pour vous vendre un plan.
Mais je suis là pour partager avec vous plus de cinquante ans d’expérience, c’est tout. Parce que j’ai vu beaucoup de gens dire : « C’est idiot, c’est n’importe quoi, c’est étrange. Pourquoi moi ? C’est vraiment une torture ! » Et je suis ici pour vous dire : « Écoutez, tout d’abord, il n’y a aucune limite à la joie que vous pouvez ressentir ».
C’est très simple, non ? Très simple : il n’y a pas de limite, car il n’y a aucun temple, aucune église ou autre lieu saint où l’on va dire : « Seigneur Dieu, enlève-moi un peu de ce bonheur, je ne le supporte pas. » On y va toujours pour quelque chose de triste : « S’il te plaît, délivre-moi de ce chagrin. » Mais pour le bonheur, c’est plutôt : « J’en veux encore ! »
Certains d’entre nous se demandent : « Est-ce que ça a commencé ? Est-ce que je veux en faire partie ? Est-ce que je ne veux pas en faire partie ? De quoi s’agit-il ? Où est-ce que je vais, d’où est-ce que je viens ? » Mais il ne s’agit pas de ça, les amis, vous avez un billet. Le billet dit : « Voilà le centre commercial », et, à propos, vous êtes dedans maintenant, vous êtes dans le centre commercial.
C’est une opportunité unique dans la vie, et vous n’avez pas de stratégie, pas de plan ! Et donc je dis : « Restez simple, vous y êtes, c’est ce qui a été donné, c’est l’occasion qui vous a été donnée, éclatez-vous. » Pourquoi pas ? Pourquoi pas ? Vous avez faim ? Allez au supermarché et mangez ! Vous avez soif ? Allez au supermarché et buvez. Envie de dormir ? Allez au rayon literie, trouvez un lit confortable et reposez-vous bien. Envie de faire de l’exercice ? Allez au rayon équipements cardio, trouvez une machine pour courir, et allez-y, parce que vous pouvez tout faire !
Ne perdez jamais de vue qui vous êtes, ainsi vous n’aurez pas besoin de chercher le panneau où est écrit : « Vous êtes ici. » Soyez toujours en contact avec celui que vous êtes. Pourquoi ? Parce que lorsque vous savez qui vous êtes, vous êtes votre meilleur ami. Et quand vous n’êtes pas avec vous-même, vous êtes votre pire ennemi, vous n’avez pas besoin d’ennemis.
Vous n’aurez jamais de meilleur ami que vous-même, ni de pire ennemi que vous-même, un ennemi capable de vous détruire complètement, vous ! Et un ami capable d’être là pour vous contre vents et marées, dans les moments les plus merveilleux et dans les moments les plus difficiles.
Voilà l’opportunité, et je dirais même, une opportunité unique dans la vie, car c’est la possibilité qui existe. Et qui détient le billet ? Vous-même. C’est à vous-même que le billet d’entrée a été donné, pas à vos idées. Ce n’est pas à vos idées qu’on a donné un billet pour aller s’amuser, c’est à vous qu’on a donné ce billet.
Quand on regarde la situation du monde, où le monde s’autodétruit guerre après guerre, après guerre… des mini-guerres, des méga-guerres, des grandes guerres, des petites guerres… Quelqu’un m’a demandé : « Comment se fait-il qu’il y ait autant de guerres ? On n’a pas du tout l’air de s’approcher de la paix ! » C’est vrai !
Ma stratégie ? Elle est très simple ! Ma stratégie n’est pas d’obtenir la paix dans le monde. Ça y est, je l’ai dit, grand silence ! Car ce n’est pas possible ! Mais voici ce qui est possible : vous, soyez d’abord en paix avec vous-même. Juste vous, personne d’autre n’est concerné, vous, soyez en paix avec vous-même. Et comment pouvez-vous être en paix avec vous-même ? Premièrement, et c’est pourquoi nous sommes là ce soir, “cheminez vers vous-même”. Vous devez vous connaître vous-même. Et une fois que vous vous connaissez, vous devez remporter la victoire sur vous-même, pas la victoire sur votre voisin, pas la victoire sur telle ou telle personne, mais la victoire sur vous-même. Et quand on remporte la victoire sur soi-même, on peut être en paix avec soi-même, et quand on en paix avec soi-même, alors on fait la paix avec le monde.
Et lorsque qu’un nombre suffisant, un nombre suffisant de gens font la paix avec le monde, parce qu’ils ont fait la paix avec eux-mêmes, alors, vaguement, l’idée de la paix dans le monde commence à être perçue.
À chaque guerre, des innocents meurent. De la même façon, quand vous êtes en guerre contre vous-même, des moments innocents de votre vie sont massacrés, car ils sont innocents, ils peuvent être ce que vous voulez en faire.
Je n’ai jamais vu plus d’innocence que dans un moment d’existence. Quand il vient à vous, il est entièrement innocent, il vous apporte juste une possibilité, tout ce que vous voulez, comme un bébé, comme un bébé. Vous pouvez le façonner, le plier, vous pouvez le détruire, vous pouvez en faire un monstre si ça vous chante. Ou bien vous pouvez le vivre comme le moment le plus tendre, le plus doux, un moment passé avec vous-même, à l’écoute de cette sensation qui remplit le cœur et qui fait émerger la gratitude.
Cheminer vers soi-même alors est réellement un chemin vers vous. On appelle ça rentrer chez soi, rentrer à la maison. Rentrez chez vous et vous verrez le monde changer pour vous ! Car, souvenez-vous, c’est à vous de faire la paix avec le monde. Le monde ne va pas faire la paix avec vous, c’est vous qui devez faire la paix avec le monde.
Quand vous avez compris cela, vous avez compris que rien ne va mal, rien. Vous vous êtes éloigné de chez vous et vous avez besoin de rentrer chez vous, car à cet endroit votre soif est étanchée, votre faim apaisée, votre fatigue allégée.
Et un sentiment de familiarité avec la vie, pas d’étrangeté, mais un sentiment de familiarité vous reviendra, où vous pourrez trouver du repos. Les réponses que vous cherchez dans ce monde ne s’y trouvent pas. Elles n’y sont pas. Les réponses sont en vous, rentrez à la maison, vers vous-même, cheminez vers vous-même.