Le point de vue du poète chilien Erick Pohlhammer

Avr 20, 2021

Des trésors de sagesse inépuisables
« Mieux vaut allumer une bougie que maudire l’obscurité. »
(Un proverbe, cité dans le livre)

Écouter est un art. Entendre ne demande aucun effort. On jette un caillou dans l’eau et le son qu’on entend ressemble à « splash » : le tympan de l’oreille capte ce son involontairement. Par ailleurs, écouter une symphonie de Mozart du début à la fin, sans se laisser distraire, sans être interrompu par des pensées autoréférentielles, exige un effort et une attention considérables.

À l’université, le professeur de musique qui me supervisait en vue de l’obtention de ma licence en esthétique, nous disait souvent : « Écoutez la musique sans penser à rien. La moindre pensée vous distraira des violons, du rythme, des intervalles, du piano, des nuances de la mélodie… et si vous pensez pendant toute la symphonie, non seulement vous n’y comprendrez rien, mais vous ne pourrez pas l’apprécier. »

Ce joyau de sagesse inépuisable intitulé Apprendre à s’écouter me rappelle ce grand professeur de musique. « Chaque souffle est une fête » : je m’arrête à ce passage et j’interromps mon discours intérieur. Alors, en harmonie avec le rythme subtil et naturel de la respiration, je lis ce passage très attentivement : « La présence du souffle dans notre vie n’est subordonnée à aucune condition. Jour après jour, le souffle nous est donné, sans avoir pris rendez-vous, sans porter de jugement. Il vient quand nous avons été bons et quand nous avons été mauvais. Il vient quand nous n’y pensons pas et quand nous y pensons. Il n’est rien de plus précieux. Aucune fortune n’est assez grande pour l’acquérir. Voilà à quel point nous sommes riches ! Nous sommes en possession d’un bien inestimable. »

Je pense comme il est bon de ne pas penser. Alors j’arrête de penser. Et je me dis : « Comme il est doux de laisser aller la pensée quand elle est posée sur la balançoire d’une respiration lente et paisible ». Je pense à René Descartes et j’écris : « Je respire, donc je suis. » Jeunes gens qui étudiez, n’ignorez pas Descartes : c’est le premier qui, dans notre monde occidental, a réfléchi par lui-même (en-dehors de tout dogme). René Descartes a ouvert la voie à la modernité avec sa phrase célèbre entre toutes : « Je pense, donc je suis. »

L’attention aimante que l’auteur accorde au souffle à maintes reprises, m’amène à m’immerger dans l’aventure et à continuer à lire. Je tombe sur une perle de limpidité : « Devrions-nous aspirer à être complètement détachés du monde qui nous entoure ? C’est une question que l’on me pose souvent. Mon point de vue est simple : on ne peut se détacher à cent pour cent. Quiconque prétend vivre entièrement à l’abri des diversions quotidiennes est probablement dans l’illusion. À la lecture de certains passages de la vie de Bouddha, j’ai constaté que c’est seulement après avoir atteint l’illumination qu’il est devenu ambitieux et a éprouvé la volonté de répandre partout son message de paix. »

Des mots. Des mots. Ce ne sont que des mots, proteste la pensée mécanique. « La pensée mécanique est semblable à un pêcheur distrait qui s’emmêle de temps en temps dans ses filets. » (Krishnamurti)

« Ne nous laissons pas embrouiller par les mots » dit l’auteur à un moment. Voilà un avertissement qui est justifié. Justifié, parce que le thème essentiel du livre est la paix et, après tout, l’auteur a été nommé  Ambassadeur de la paix par le Parlement européen.

« Nous devrions tous être des ambassadeurs de la paix, pas seulement moi », a dit l’auteur à maintes reprises. Paix. Paix. Paix. Paix. Se laisser embrouiller par le mot paix, qu’est-ce que ça veut dire ? S’arrêter au son. S’arrêter au signe. Le signe qui indique autre chose. C’est un peu comme si on était au volant de sa voiture et qu’on se retrouve perplexe devant un panneau indicateur, un panneau STOP par exemple. On s’arrête et on ne redémarre pas, on ne reprend pas la route.

C’est pareil quand on tourne en rond dans nos pensées ou quand on reste sur la rive au lieu de traverser la rivière. Dans son génial Cours de linguistique générale, le linguiste Ferdinand de Saussure dit : « Le signe linguistique est une image phonétique. » Prem dit : « Le sentiment de paix est la plus profonde expression de ma personne. Mais il fait aussi partie de quelque chose de plus grand que nous tous. Après la mort, cette sérénité continue à habiter chaque atome de l’univers. Cette quiétude est infinie. »

Dans cette œuvre, j’entends l’océan derrière le son « paix ». En portugais, papillon se dit « borboleta ». Les papillons s’en soucient-ils ? En espagnol, cascade se dit « cascada ». La chose est la même, les mots sont différents. C’est tout à fait clair : la carte n’est pas le territoire.

Apprendre à s’écouter est une carte claire qui nous aide en douceur à trouver notre soi intérieur. Je pose la question : Que devons-nous écouter pour enlacer un être cher ? Quel être cher ? Le soi intérieur. Le soi. Le soi intérieur profond (pas la personnalité factice). On ne peut pas écouter une personnalité factice. Elle est vide. Elle n’existe pas. Ce n’est qu’une coquille dans laquelle il n’y a pas de noix. Il ne nous est pas possible, à nous êtres humains, de faire abstraction de notre soi. Nous y reviendrons tôt ou tard. Nous y sommes déjà revenus. Voici une autre petite carte, avec laquelle je termine cette critique. « Mon cœur abrite des océans sur lesquels je navigue, non pour voguer vers une destination, mais parce que ce voyage est exceptionnel. » Un de tes poèmes pour conclure, maître ?

Dans l’obscurité, tu m’as dit d’apprendre à regarder. Au début, je ne comprenais pas, mais maintenant je vois.
Sans coupe devant moi, tu m’as dit d’apprendre à goûter. Au début, j’avais soif, mais maintenant j’ai bu.
Sans mouvement, tu m’as dit d’apprendre à toucher. Au début, j’étais engourdi, mais maintenant je sens.
Dans le silence, tu m’as dit d’apprendre à écouter. Au début, j’étais sourd, mais maintenant j’entends.

Je comprends mieux, après avoir lu ce livre, pourquoi un jour de l’année 1979, le célèbre psychothérapeute gestaltiste et excellent psychiatre humaniste Claudio Naranjo, nous a dit à nous tous, ses étudiants et futurs éducateurs et gestalt thérapeutes : « Écoutez attentivement et sans préjugés le sage Prem Rawat, un Einstein de la conscience, un poète remarquable qui adresse en toute simplicité son chant à l’amour infini qui guérit. »

Erick Swen Pohlhammer Boccardo est un poète, écrivain et professeur de littérature chilien. Parmi les différents prix qu’il a reçu pour ses créations, il faut citer le Prix Pablo Neruda.

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